Que vont devenir nos déchets en 2035 ?

Voilà une question qu’elle est bonne!

La région Occitanie (et toutes les autres, mais on est moins concernés!) a travaillé sur un Plan Régional de Prévention et de Gestion des Déchets (PRPGD, de son petit nom). Il y a des directives (nationales et européennes notamment) qui imposent de réduire la quantité de déchets produits. La France est un peu poussée par l’Europe, qui trouve qu’on traîne des pieds. Le PRPGD doit traduire ces directives en objectifs de réduction, pour qu’ils soient à leur tour déclinés sur des territoires plus petits et adoptés par les différents acteurs du déchet, sur chaque territoire. Tout cela nous intéresse grandement, et vous aussi.

Ce PRPGD est une déclinaison de la LTECV, la Loi de Transition Energétique pour la Croissance Verte, du 18 août 2015, qui a posé les objectifs suivants :

• Réduction de 10 % des déchets ménagers et assimilés (DMA) entre 2010 et 2020

• Réduction des quantités de déchets d’activités économiques (DAE) par unité de valeur produite

• Recyclage de 55 % des déchets non dangereux non inertes (DNDNI) en 2020 (65 % en 2025)

• Valorisation sous forme matière de 70% des déchets du BTP à horizon 2020

• Réduction de 30 % des quantités de déchets enfouis en 2020 (50 % en 2025)

• Obligation de tri à la source des biodéchets à 2025

• Extension des consignes de tri à l’ensemble des emballages plastiques en 2022

Le 15 mars 2019 était l’occasion d’une restitution des travaux en cours sur le PRPGD au niveau régional (pour le territoire nous correspondant, la région Occitanie ayant été divisée en 5 sous-ensembles), dont il est ressorti plusieurs informations essentielles :

Le statu-quo sur les structures de traitement des déchets :

D’après les études et projections, la réduction des déchets est tellement nécessaire qu’on ne peut pas faire autrement (et ça fait des dizaines d’années que certains le disent, mais bon).

Les sites d’enfouissement et les incinérateurs (l’Ariège n’est pas autosuffisante sur le traitement de ses déchets et une partie est incinérée en Haute-Garonne) existants seront maintenus, mais il n’y aura pas de nouvelles constructions, et il y aura même plutôt des fermetures. Les installations existantes sont suffisamment dimensionnées pour la production actuelle de déchets, et ne pas se donner plus de marge, c’est s’obliger à réduire…sachant que dans le même temps, la population devrait augmenter de 12 % en Occitanie.

Un pari que nous sommes décidés à prendre, non pas pour des raisons politiques de soutien au législateur mais parce que c’est le cœur de notre métier et notre conviction. A nous (et à vous!) de proposer localement des solutions qui nous paraissent aller dans le bon sens !

Les thématiques abordées :

Pour sortir tout ce jus de crâne, il a bien fallu segmenter les discussions. 5 groupes thématiques ont été définis :

  • Prévention et tarification incitative
  • Filières et recyclage
  • Déchets du BTP
  • Déchets dangereux
  • Déchets organiques
  • Economie circulaire (seul groupe non spécifiquement dédié aux déchets)

Les axes du futur programme régional de prévention : en rouge, les axes intéressants pour les ressourceries.

Source : PRPGD Occitanie

La hiérarchie des modes de traitement :

Pour atteindre les objectifs définis, il a été décidé d’établir une hiérarchie entre les modes de traitement des déchets. Cette priorisation se traduira en partie budgétairement :

  • Prévenir et réduire
  • Préparation en vue de la réutilisation
  • Recyclage (matière et organique)
  • Toute valorisation énergétique
  • Elimination

Concrètement, plus on est « haut » dans la hiérarchie, moins on utilise d’énergie (hors huile de coude, hein!) pour remplir les objectifs assignés. Il est toujours moins cher pour la collectivité de réutiliser un objet que de le transformer pour réutiliser sa matière, par exemple. L’élimination, c’est le stade ultime, à repousser le plus possible.

Dans le détail, les DMA (Déchets ménagers et assimilés) :

L’Ariège est le département au plus mauvais score actuel d’Occitanie, avec une moyenne de 717 kg de déchets produits par habitant et par an. Le pourquoi reste un mystère (carte). Il faudra passer à 635kg en 2025 et 601 kg en 2035.

Source : PRPGD Occitanie

Les axes de travail pour cette réduction sont :

  • Détournement des biodéchets : actions de lutte contre le gaspillage alimentaire et développement du compostage de proximité, développement de la collecte. Les orientations choisies par la Région sont : réalisation de diagnostics territoriaux (études), accompagner la gestion individuelle des composteurs (formation), développer un maillage de sites de compostage de proximité, développer des solutions innovantes de transport, penser une boucle « biodéchets » (économie circulaire), s’assurer de la qualité du retour au sol, proposer des solutions innovantes de valorisation de la matière;
  • Réduction de la quantité des déchets, grâce à la collecte « 5 flux », obligatoire depuis 2016 (papier, verre, métal, bois, plastique);
  • Réduction des déchets verts;
  • Réduction des encombrants;
  • Mise en place de la tarification incitative : l’idée est de payer l’enlèvement des poubelles individuelles noires (tout-venant) à l’unité (au poids ou au volume). Ce qui est censé pousser tout un chacun à trier davantage;
  • Formation des agents de déchetterie au réemploi;
  • Communication vers les usagers;
  • Rénovation et modernisation des déchetteries;
  • Collectes en porte-à-porte (D3E notamment);
  • Davantage de déchetteries en zones urbaines;
  • Collectes de proximité (zones rurales).

Les filières REP

Principe du «POLLUEUR –PAYEUR»

Les fabricants et les distributeurs de divers objets (meubles, appareils électroniques et électriques, pneus, etc.) ont l’obligation d’adhérer à un éco-organisme agréé par l’État, et d’appliquer en plus du prix des produits qu’ils vendent, une écoparticipation payée par le consommateur lors de l’achat.

Cette écoparticipation est collectée et reversée par les professionnels à l’éco-organisme qui a pour mission d’assurer en leur nom les opérations de gestion de fin de vie des produits.

L’éco-organisme utilise ces fonds pour financer la collecte, l’enlèvement et le traitement du déchet, la communication…

Source : Ademe – Les filières à responsabilité élargie du producteur – Panorama – Edition 2017

Sur cette thématique, les orientations préconisées sont les suivantes :

  • Pilotage régional entre représentants des collectivités, éco-organismes, opérateurs
  • Communication et sensibilisation des usagers
  • Formation des agents d’accueil
  • Développement de la valorisation des DEA à base de bois
  • Collectes en porte-à-porte à étudier
  • Coordination des acteurs du textile, meilleur maillage
  • Augmentation de la collecte des D3E

Et voilà, y a plus qu’à !